La Galette
Noble galette que ton nom,
Soit immortel dans notre histoire,
Qu’il soit ennobli par la gloire
D’une vaillante promotion,
Et si dans l’avenir
Ton nom vient à paraître
On y joindra peut être
Nôtre grand souvenir
On dira qu’à Saint-Cyr
Où tu parus si belle
La promotion nouvelle
Vient pour t’ensevelir.
II
Toi qui toujours dans nos malheurs,
Fus une compagne assidue,
Toi, qu’hélas nous avons perdue,
Reçoit le tribut de nos pleurs.
Nous ferons un cercueil
Où sera déposée
Ta dépouille sacrée
Nous porterons ton deuil.
Et si quelqu’un de nous
Vient à s’offrir en gage
L’officier en hommage
Fléchira le genou.
III
Amis il faut nous réunir
Autour de la galette sainte
Et qu’à jamais dans cette enceinte
Règne son noble souvenir.
Que ton nom tout puissant
S’il vient un jour d’alarme
A cinq cents frères d’armes
Serve de ralliement.
Qu’au jour de la conquête
A défaut d’étendard
Nous ayons la galette
Pour fixer nos regards.
IV
Soit que le souffle du malheur
Sur notre tête se déchaîne
Soit que sur la terre africaine
Nous allions périr pour l’honneur,
Ou soit qu’un ciel plus pur
Reluise sur nos têtes
Et que loin des tempêtes
Nos jours soient tous d’azur
Oui tu seras encore
Oh galette sacrée
La mère vénérée
De l’épaulette d’or
Le Pékin de Bahut
Trois Saint-Cyriens sont sortis de l’enfer
Un soir, par la fenêtre
Et l’on dit, que Monsieur Lucifer
N’en est plus le maître
La sentinelle qui les gardait
En les voyant paraître
Par trois fois s’écria
Halte-là! Qui va là! Qui vive!
Et les trois bougres ont répondu
Ce sont trois Saint-Cyriens qui sont pékin de bahut
Refrain
Ô pékin de bahut
Viens nous t’attendons tous
Nous leur ferons tant de chahut
Qu’à la pompe, ils en seront fo…us!
II
Un soir, dans une turne immense
Six cents martyres étaient assis
Les uns disaient « Ah ! Quelle chance!
Dans six mois nous serons partis! »
Les autres d’un air lamentable
Contemplant leurs anciens avachis
Disaient « Dans six mois pauvre diable,
Comme eux nous seront abrutis! »
III
Vous qui, dans l’espoir de Saint-Cyr
Pâlissez sur de noirs bouquins
Puissiez-vous ne jamais réussir
C’est le vœux de vos grands anciens
Si vous connaissiez les horreurs
De la pompe et du bataillon
Vous préféreriez les douceurs
De la vie que les pékins ont.
Les Casos
Quand les cyrards quittant l’école
A Paris débarquent gaiement
Les casos frisés par le vent
Se répandent en bandes folles
Ils flottent, ils flottent gentiment
Les casoars rouges et blancs.
II
Ils font l’objet de rêveries
Des mamans berçant leur bébé,
Les potaches à l’air blasé,
Leur jettent des regards d’envie
Ils fuient rapides et légers
Comme des rêves ébauchés.
III
Ils vont là où le cœur les mène
Au nid d’amour pour s’y griser
De caresses et de baisers
Dont ils sont privés en semaine
Ils frôlent des minois charmants
Les casoars rouges et blancs.
IV
Mais quand là-bas à la frontière
Le canon les a appelés
Ils vont combattre en rangs serrés
Pas un ne regarde en arrière
Ils sont les premiers à l’assaut
Les valeureux petits casos.
V
Rouges et blancs ils sont l’emblème
Des amours noyés dans le sang
D’adieux que le cyrard mourant
Fait porter à celle qui l’aime
Ceux-là font couler bien des pleurs
Qui sont tombés au champ d’honneur.
VI
Tantôt les caresses des femmes,
Tantôt les balles et les boulets
Aimer, mourir, c’est leur métier
De servir la France et les Dames
Voilà ce que disent en mourant
Les casoars rouges et blancs.
Les officiers
Le dimanche à Versailles
Les Saint-cyriens guerriers
Se rangent en bataille
Se mettant à chanter
Refrain
Ohé ! Ohé ! Vivent les officiers de France
Ohé ! Ohé ! Vivent les officiers français
II
Sur le fort de Montrouge
Les canons sont braqués
Et si le pékin bouge
On lui fera chanter
III
Si le pékin rouspète
Il se fera cirer
Cirer sur les roupettes
Jusqu’au jugement dernier
IV
Si ta femme est gentille
Pékin fait la passer
Sinon gare à ta fille
On lui fera chanter
V
Quand le soir en province
Un casoar parait
Toutes les femmes en pincent
Pour l’officier français
VI
Quand nous irons en Chine
Les femmes des mandarins
Nous sucerons la pine
Au son des tambourins
VII
Quand nous irons au pôle
Les femmes des esquimaux
Nous les rendrons plus molles
A grands coups de plumeaux
VIII
La France est notre mère
C’est elle qui nous nourrit
Avec des pommes de terre
Et des fayots pourris
IX
L’Alsace et la Lorraine
En ont marre de plier
Sous la botte prussienne
On les entend chanter
X
Dans la lande bretonne
Le grand vent a soufflé
Et le monde s’étonne
D’entendre encore chanter
XI
Combattre avec courage
Et mourir sans regret
C’est le fier apanage
De l’officier français
Nouveau Bahut
Le vent du large fait claquer nos couleurs
Et vient remplir de joie plus pure nos cœurs.
Refrain
Landes bretonnes, écoutez chanter,
Traditions militaires, jeunesse et fidélité.
D’autres s’étonnent, pourquoi s’en soucier ?
On ne fera pas taire les officiers.
II
La Promotion nouvelle saura garder
De ses Anciens l’exemple et la fierté.
III
France, O mon beau pays, tu peux espérer.
Tes murs détruits seront bientôt relevés !